2025 07 L'Eurovélo 6 de Ulm à Budapest : vacances sur Danube

 


 Un voyage qui commence sur sncf-connect 


 L’EuroVelo 6 relie l’Atlantique à la Mer Noire sur plus de 4 450 km, elle suit le cours de la Loire, du Rhin et du Danube, traversant des paysages variés, des villes historiques et des cultures riches. Notre aventure commence en juillet 2025, entre Allemagne, Autriche, Slovaquie et Hongrie, pour un périple de plus de 1 050 km en 15 jours, à la découverte de quatre pays et de leurs trésors cachés.

Un départ mouvementé

Notre aventure commence à la Gare de l’Est, à Paris. Malheureusement, le personnel du TGV Paris-Mannheim refuse notre embarquement : nos vélos, même sous housse et roue avant démontée, ne sont pas acceptés. Une règle stricte s’applique sur les TGV et ICE entre la France et l’Allemagne : les vélos non démontés et non emballés dans une housse fermée ne sont pas autorisés à bord. Nous devons donc improviser et prendre la direction de Nancy, puis enchaîner les correspondances via Metz et Sarrebruck pour rejoindre Mannheim.

Conseils pratiques :

Réservez toujours à l’avance vos places vélo, surtout en été, où la demande est forte.

Privilégiez les trains régionaux (TER en France, RB/RE en Allemagne), qui acceptent généralement les vélos sans réservation ou à moindre coût.

En Allemagne, un billet vélo (« Fahrradkarte Nahverkehr ») coûte environ 6,50 € par jour et est valable sur tous les trains régionaux.

Pour les trajets longue distance, vérifiez les places disponibles pour les vélos sur les ICE (6 places max par train) et réservez via l’appli DB Navigator.

Ressources utiles :


Samedi 12 Juillet 2025

Notre voyage commence à la Gare de l’Est, à Paris. Mais contre toute attente, le personnel du TGV Paris-Mannheim, prévu à 9h06, nous refuse l’accès : nos vélos, même préparés avec soin, sont jugés trop encombrants. Impossible de monter à bord sans une housse fermée et conforme aux normes strictes des TGV internationaux. Qu’à cela ne tienne, nous rebroussons chemin et prenons la direction de Nancy en TGV (notre vélo dans la housse est accepté) , première étape d’un itinéraire bis.

Nous enchaînons les correspondances, déterminés à rejoindre notre destination finale par étapes successives. Après un changement à Metz (TER), nous filons vers l’Allemagne et atteignons Sarrebruck (TER) , où nous faisons une halte bien méritée. Enfin, nous parvenons à Mannheim (Train régional Allemand), notre point de transit initial. Le temps d’une visite rapide de la ville, nous sautons dans un ICE en direction d’Ulm.



Pour cette première nuit, nous posons nos sacs à la Soullfactory, une auberge conviviale, avant de partir explorer la vieille ville d’Ulm. La journée se termine en beauté avec un dîner au  Zur Zill, une adresse typique pour goûter aux spécialités locales.

 



 

Dimanche 13 Juillet 2025

Notre premier jour de pédalage sur l' EuroVelo 6 nous mène à travers des paysages apaisants, avec des arrêts à Ginzburg puis Gunzburg, deux petites villes allemandes au charme discret. C’est à Dillingen an der Donau que nous apercevons, pour la première fois, les élégantes cigognes planant au-dessus des champs – un spectacle qui marque le début de notre immersion dans la nature danubienne.



Le soir venu, nous installons notre campement au Donau Camping, un site paisible situé en bordure du fleuve. Après une journée de 57 kilomètres, nous savourons un repas réconfortant au Cozy, un restaurant chaleureux où l’accueil est à la hauteur de l’appétit des cyclistes. Une première étape réussie, entre effort et émerveillement.


Lundi 14 Juillet 2025

Dès le matin, nous enfourchons nos vélos pour une nouvelle étape, direction Donauwörth, puis Rennertshofen. Le temps se couvre soudain : un orage menace. Nous décidons de faire une pause déjeuner bien méritée, le temps que la tempête passe.




 Après 73 kilomètres et quelques montées qui mettent nos mollets à l’épreuve, nous atteignons Neuburg. Le camping, idéalement situé en plein cœur de la ville et en bordure du Danube, nous offre une vue imprenable sur le fleuve. L’itinéraire de l’EuroVelo 6, qui s’écarte parfois des rives, nous réserve des panoramas inattendus et grandioses. Mais à peine avons-nous installé la tente qu’un nouvel orage éclate, rappelant que la météo peut être aussi imprévisible que les paysages.

  

Mardi 15 Juillet 2025

Dès l’aube, nous reprenons la route à vélo, traversant Ingolstadt, Vohburg an der Donau puis Neustadt an der Donau. Notre objectif du jour : l’abbaye de Weltenburg, nichée dans un méandre du Danube, sur les pentes d’une colline verdoyante. Ce joyau baroque, l’un des plus anciens monastères de Bavière, se révèle aussi impressionnant que serein, blotti dans un cadre naturel préservé.

Après la visite, nous embarquons sur un bateau pour une croisière  entre Weltenburg et Kelheim. Les gorges du Danube, sculptées par le fleuve, défilent sous nos yeux dans une lumière dorée, offrant l’un des plus beaux spectacles de notre périple.


 

Le soir, nous posons nos tentes au Camping am Bauernhof, un camping rustique et accueillant situé à quelques kilomètres de Kelheim, dans une ferme typique. Une journée riche en émotions, entre histoire, spiritualité et paysages à couper le souffle.


 

Mercredi 16 juillet 2025 : Rencontres et improvisations au bord du Danube


Une pause sous l’averse

Le ciel se déchaîne soudain, et comme tous les cyclistes en route, nous nous réfugions sur les berges du Danube. Les tables sont bondées, mais un homme seul, assis avec son repas, nous propose gentiment de partager la sienne. Nous acceptons avec reconnaissance. Il commande son plat, et je lui demande, intrigué, si je peux immortaliser ce moment. Il sourit : « C’est un petit-déj’ allemand ! » — un mélange de pain noir, de charcuterie, de fromage et d’œufs, typique et réconfortant. Une rencontre aussi simple qu’inattendue, un échange de sourires et de mots sous la pluie qui tombe.


Regensburg : un camping en cendres, une nuit à l’improviste

Quelques kilomètres plus loin, nous arrivons à Regensburg, sous une pluie fine et tenace. Mauvaise surprise : le camping a brûlé. Pas de tente ce soir, pas de douche chaude. Qu’à cela ne tienne ! Nous frappons à la porte du club d’aviron voisin. Les membres, touchés par notre périple, nous autorisent à installer nos sacs de couchage dans un coin du local. Les rames et les bateaux deviennent nos voisins pour la nuit.

Autour d’un thé partagé avec les rameurs, nous écoutons leurs histoires de compétitions et de voyages sur le fleuve. Une soirée improvisée, mais chaleureuse, qui rappelle que l’aventure se niche souvent là où on ne l’attend pas.





Visite de la ville, de sa cathédrale, de son pont de pierre et de ses jolies rues.

 

Jeudi 17 Juillet 2025

Sur l’EV6 : Wörth, Straubing, et l’envie d’aller plus loin

Ce matin, les jambes encore un peu lourdes de la veille, nous enfourchons nos vélos pour reprendre l’EuroVelo 6. Le parcours serpente entre Wörth an der Donau et Straubing, bordé de champs dorés et de villages endormis. Le soleil perce enfin, séchant les dernières traces de pluie sur nos sacoches.

Notre plan initial ? Un camping paisible dans les collines, à mi-chemin. Mais aujourd’hui, le Danube nous murmure d’aller plus loin. Alors, nous décidons de pousser jusqu’à Deggendorf. Les kilomètres défilent, les paysages changent : forêts denses, méandres du fleuve, et ces petits ports où s’alignent des bateaux de pêche colorés.

89 km plus tard : un havre de paix au bord de l’eau

Après une grosse journée à pédaler, les cuisses brûlent, mais le sourire reste. Nous trouvons enfin un tout petit camping, blotti sur les rives du Danube. Pas de luxe, juste l’essentiel : une tente plantée à deux pas de l’eau, le bruit des vagues qui clapotent, et le ciel qui s’embrase à l’horizon.

 

 

Vendredi 18 Juillet 2025

La journée commence par une crevaison. Un hameçon, un « pfffft » sourd, et la roue d’Armelle se dégonfle comme un souffle. Nous sortons les outils, changeons la chambre à air en bord de route, les doigts noirs de cambouis. C’est à ce moment-là, bien sûr, que mon smartphone glisse des mains et que l’écran se fissure en toile d’araignée. Panique à bord : tout est dedans. Réservations, itinéraires, confirmations… Le voyage bascule soudain dans l’ère du « on verra bien ».

Et puis, Passau. La vieille ville, splendide, se dévoile avec ses ruelles pavées, ses façades baroques, ses places animées. Mais le vrai spectacle est ailleurs : le Danube et l’Inn se rejoignent dans un tourbillon d’eaux turquoise et vert émeraude. Nous restons longtemps sur les quais, fascinés par ce mariage de fleuves, ce mélange de forces et de couleurs.


 

Nous nous installons pour 2 nuits dans un airbnb à l'écart de l'agitation. 

 

Samedi 19 Juillet 2025

Le marché de Passau : couleurs et saveurs

Ce matin, pas de vélo. Juste le cliquetis des étals qui s’installent sur la place, les odeurs de pain chaud, de fromages affinés et de fruits gorgés de soleil. Le marché de Passau est un festival pour les sens : des paniers remplis de baies des bois, des saucisses fumées qui pendent en grappes, des miches dorées sorties du four. On s’attable à une terrasse avec un Kaffee und Kuchen, observant les habitants vaquer à leurs emplettes. L’Isar, l’Inn et le Danube murmurent en fond sonore.


L’autre rive de l’Inn

L’après-midi, nous traversons le pont pour explorer l’autre rive de l’Inn, là où le fleuve, encore indépendant, dessine ses derniers méandres avant de se fondre dans le Danube. Les berges sont sauvages, presque secrètes. On s’assoit sur un banc, les pieds dans l’herbe, à regarder l’eau couler — un moment de paix avant le tumulte joyeux de la ville.


Dans les pas de l’histoire

De retour en ville, nous arpentons le centre historique comme des flâneurs : la cathédrale Saint-Étienne, majestueuse, et ses orgues légendaires ; les ruelles étroites où chaque maison semble raconter une histoire ; les places ombragées où les étudiants discutent, un livre à la main. Passau est une boîte à musique : il suffit de pousser une porte pour tomber sur une cour cachée, un atelier d’artisan, ou une fontaine ancienne.


Dîner au ScharfrichterHaus : un voyage dans le temps

Le soir, nous poussons la porte du ScharfrichterHaus, une institution locale. Entre les murs chargés d’histoire (cette maison fut celle du bourreau de la ville, dit-on), nous dégustons un schweinsbraten fondant, accompagné d’une bière ambrée servie dans des chopes épaisses. L’ambiance est chaleureuse, entre rires et cliquetis des couverts. Le serveur nous raconte que Goethe y aurait séjourné… Qui sait quels autres secrets ces pierres gardent ?


 

 

Dimanche 20 juillet 2025

Neustift im Mühlkreis : l’Europe à vélo

Quelques coups de pédale après Passau, et nous voici en Autriche. Pas de douane, pas de panneau ostentatoire — juste un discret changement de langue sur les enseignes, et l’EV6 qui file, identique, de l’autre côté. Neustift im Mühlkreis nous accueille sans tambour ni trompette, comme si de rien n’était. Le Danube, lui, continue de couler, indifférent aux anciennes frontières. L’Europe, ici, se vit sans couture.


Aschach an der Donau : le désert (gourmand)

60 kilomètres plus loin, Aschach an der Donau se révèle… déserte. Pas un restaurant, pas une épicerie ouverte. Les estomacs commencent à grogner quand, sur un banc près du camping, nous croisons Sebastian, Ines et leurs deux enfants, ainsi que Milou, un cycliste hollandais aussi affamé que nous. « Pas de problème, lance Sebastian en sortant son téléphone. Je commande des pizzas dans le village voisin ! »


 

Soirée pizza, rires et rencontres

Une heure plus tard, six boîtes fumantes arrivent, portées par un livreur soucieux. Nous nous installons autour d’une table de pique-nique, entre cyclistes de tous horizons. Les enfants courent entre les tentes, Milou raconte ses périples en Europe de l’Est, Sebastian nous parle de ses randonnées dans les Alpes. Les pizzas — quatre fromages, pepperoni, végétarienne — disparaissent en un clin d’œil, arrosées de bières locales et de limonade maison.

Ce soir, pas de menu gastronomique, mais quelque chose de bien plus précieux : l’hospitalité spontanée, ces liens qui se tissent autour d’un repas partagé, sous un ciel étoilé. Le Danube, lui, continue de murmurer sa chanson.

 

Lundi 21 Juillet 2025

Linz, ville endormie sous le soleil

Le matin, les pédales tournent vers Wilhering, puis Linz. La ville, belle et calme, semble encore à moitié endormie ce lundi. Nous nous arrêtons pour déjeuner sur une place ombragée, devant une fontaine où les pigeons picorent des miettes. Les façades pastel, les tramways silencieux, l’atmosphère paisible… Linz respire la douceur de vivre, mais quelque chose nous rappelle que l’histoire, ici comme ailleurs, a ses cicatrices.


 

Mauthausen : face à l’indicible

L’après-midi, nous retrouvons Milou devant les grilles du camp de concentration de Mauthausen. Le ciel, soudain lourd, semble peser sur nos épaules. Plus de rires, plus de blagues. Juste le silence, les pierres froides, et l’horreur qui suinte des murs.

Les témoignages audio résonnent dans les casques, les photos en noir et blanc nous fixent, accusatrices. Les escaliers de la carrière de granit, surnommés « l’escalier de la mort », les cellules étroites, les fours crématoires… Rien n’est édulcoré. Chaque détail est là pour rappeler l’inimaginable. On en sort sonnés, le cœur lourd, avec cette question qui ne quitte plus l’esprit : « Comment l’humanité a-t-elle pu en arriver là ? »

Milou, habituellement si volubile, ne dit presque rien. Certains lieux ne laissent pas de place aux mots.

 


Au an der Donau : la vie, malgré tout

Le soir, nous plantons la tente à Au an der Donau, près des berges apaisantes du fleuve. Comme pour chasser l’obscurité de la journée, la vie reprend ses droits : un couple allemand, descendu du Danube en kayak, nous offre une bière en partageant leurs aventures aquatiques. Leurs récits de rapides, de nuits sous les étoiles et de villages accueillants redonnent un peu de légèreté.

Puis, une famille autrichienne, en tour à vélo à travers leur pays, s’installe près de nous. Les enfants comparent leurs carnets de route, les parents échangent des conseils sur les meilleures pistes cyclables. Le Danube, lui, continue de couler, indifférent et bienveillant, comme pour nous rappeler que la lumière existe, même après les ténèbres.

 

Mardi 22 Juillet 2025

Baumgartenberg : l’honnêteté en bouteille

La journée commence sous le signe de la confiance. À Baumgartenberg, au détour d’une ferme, un abri en bois trône près des vergers. Pas de vendeur, juste une caisse et un panneau : « Cidre et jus de pomme – 2€. Merci de laisser l’argent dans la boîte. » Nous remplissons nos gourdes, glissons quelques pièces dans la tirelire, et repartons avec le goût sucré des pommes locales. Un sourire en coin : certains paysages se gravent dans la mémoire par leur simplicité.


Grein, Persenbeug-Gottsdorf : pauses et paysages

La route serpente entre Grein, ses maisons colorées accrochées au fleuve, et Persenbeug-Gottsdorf, où nous faisons halte pour un repas bien mérité. Les 72 kilomètres du jour ont chauffé nos mollets, mais chaque coup de pédale vaut le détour : les collines douces, les champs de tournesols, le Danube qui brille sous le soleil.




 

Melk : plongeon et dîner impérial

En fin d’après-midi, nous atteignons Melk, ses ruelles pavées et son abbaye majestueuse qui domine la ville. La tente est vite plantée au bord de l’eau. Direction la grande piscine municipale pour un plongeon rafraîchissant — l’eau est fraîche, mais quel bonheur après l’effort !

Le soir, attablés au Rathauskeller - Der Melker Gasthof, dans le cœur historique . 

 

Mercredi 23 Juillet 2025

La descente qui monte…

« On descend vers la mer Noire, mais on est plus haut qu’au départ ! » Armelle a raison, et son ironie me fait sourire. Schönbühel, Aggsbach, Rossatz-Arnsdorf… Les panneaux indiquent bien une descente, mais nos cuisses, elles, protestent à chaque côte.


Krems an der Donau : une pause bien méritée

La ville de Krems, avec ses ruelles médiévales et ses caves à vin, nous offre un répit ombragé. Nous nous arrêtons pour admirer les façades baroques et goûter un apfelstrudel encore tiède, acheté chez un boulanger qui nous assure : « C’est la meilleure recette de la région ! »


Traismauer : halte canicule

À Traismauer, le thermomètre affiche 30°C à l’ombre. Nous nous réfugions sous un grand tilleul, près d’une fontaine où les enfants du village courent en riant. L’eau est fraîche, presque miraculeuse. Le Danube, lui, semble somnoler sous le soleil, ses reflets dansants nous hypnotisent. « On pourrait faire la sieste ici », murmure Armelle. L’idée est tentante…


Erpersdorf : le calme avant la suite

Le camping municipal d’Erpersdorf est aussi tranquille que le village lui-même : quelques tentes éparpillées, un couple de retraités allemands qui lisent à l’ombre, un chien endormi près de la réception. Nous choisissons un emplacement près de l’eau, où une brise légère soulève à peine les roseaux.

Ce soir, pas de restaurant en vue. Nous sortons le réchaud, préparons des pâtes aux légumes du marché, et dînons en regardant les libellules frôler la surface du fleuve. La nuit tombe doucement, sans bruit, sans hâte, comme si le temps s’était arrêté.

 


68 ou 69 kms ce jour, canicule et vent de face. 

 

Jeudi 24 Juillet 2025

Tulln et Klosterneuburg : l’art de la transition

La matinée est douce, presque paresseuse. Nous traversons Tulln an der Donau, ville fleurie où les jardins semblent rivaliser de couleurs. Puis, Klosterneuburg nous accueille avec son monastère imposant, ses vignobles en terrasses et ses ruelles pavées. Un joyau avant l’arrivée à Vienne, comme un avant-goût de grandeur.

Nous nous arrêtons pour déjeuner dans une auberge ombragée, attablés sous une treille de vigne. « Un dernier repas au calme avant le tumulte de la capitale », lance Armelle en savourant son taschen (un ravioli autrichien) garnis de fromage et d’herbes. Le Danube, lui, commence à sentir la ville — l’air est différent, plus électrique.


Vienne, enfin !

Les derniers kilomètres sont un mélange d’excitation et d’effort. Vienne s’étale, immense, majestueuse. Les faubourgs défilent, puis soudain, les premiers palais, les parcs, les tramways jaunes. Nous avons réservé un appartement près du parc Augarten, un havre de verdure en plein cœur de la ville.

À peine les sacs posés, nous partons explorer : les ruelles du centre, les cafés historiques, les façades impériales. Vienne est à la fois intimidante et accueillante, comme une dame élégante qui vous observerait avec bienveillance.


 

L’orage : Vienne sous les éclairs

Alors que nous flânons près de la Rathaus, un nuage noir s’invite. En quelques minutes, le ciel se déchire. Un orage éclate, d’une violence inattendue. La pluie fouette les trottoirs, le tonnerre gronde entre les bâtiments. Nous nous réfugions sous un porche, riant comme des enfants, trempés mais ravis. « Bienvenue à Vienne ! » s’exclame un passant en nous tendant un parapluie.

Le parc Augarten, quelques instants plus tôt si paisible, se transforme en lac temporaire. Les éclairs zèbrent le ciel au-dessus du Donaukanal, illuminant les visages des Viennois, habitués à ces colères estivales. La ville, sous la pluie, devient encore plus belle — les pavés brillent, les lumières des cafés se reflètent dans les flaques, et l’air sent l’ozone.


Soirée viennoise, entre classique et modernité

De retour à l’appartement, nous nous changeons vite pour profiter de la soirée. Un concert improvisé dans une église baroque, puis un dîner dans un beisl (bistrot typique) où l’on nous sert un wiener schnitzel « aussi grand que l’assiette ». « À Vienne, même les orages ont du style », conclut Armelle en levant son verre de grüner veltliner.

 

Vendredi 25 Juillet 2025

Journée à Vienne. Repos et balade dans la ville.

 


 

Samedi 26 Juillet

Le réveil est gris, la pluie tambourine contre les vitres. « On part quand même ? » La question est rhétorique : 75 kilomètres nous séparent de Bratislava, et le Danube n’attend pas. Nous enfilons nos imperméables pendant une accalmie, espérant un miracle. Il ne viendra pas. Après quelques kilomètres, le ciel se déchaîne à nouveau. L’eau ruisselle sur nos visages, les routes brillent comme des miroirs, et nos pieds squishent dans les chaussures.

Pourtant, la magie opère. À un carrefour, nous croisons un groupe de Nantais, sacoches étanches et sourires trempés, en route pour Belgrade. « On se donne rendez-vous à Budapest ! » lancent-ils en riant. Plus loin, deux Canadiennes, pédalant sous des ponchos fluorescents, nous racontent leur périple de Vienne à Budapest. « La pluie, c’est juste une preuve que l’aventure est réelle », philosophent-elles.


La frontière, discrète et symbolique

À 15 kilomètres de Bratislava, un panneau discret annonce : « Slovensko ». Pas de douane, pas de contrôle – juste un changement de langue sur les enseignes, et cette sensation étrange de basculer dans un autre monde. Le Danube, lui, coule toujours, indifférent aux frontières.


Bratislava : entre charme et mémoire

En arrivant, le ciel s’éclaircit enfin. La vieille ville, avec ses ruelles pavées et ses façades pastel, est un coup de cœur immédiat. Les cafés regorgent de monde, les terrasses s’animent, et le château veille sur la ville depuis sa colline.

Mais derrière ce décor de carte postale, l’histoire se rappelle à nous. Les faubourgs, marqués par une architecture soviétique – ces immeubles grisés, ces larges avenues sans âme – témoignent d’un passé encore présent. « C’est ça, Bratislava : un mélange de conte de fées et de réalisme brut », nous explique plus tard Andy, notre hôte.


Chez Andy : un abri et des histoires

Andy nous accueille dans son appartement, chaleureux et éclectique, rempli de livres et de souvenirs de voyage. « Mettez vos vélos au sous-sol », propose-t-elle. En descendant, la surprise : les portes des caves, épaisses et métalliques, portent encore des inscriptions jaunies. « Ce sont des abris anti-bombardement de l’époque communiste », nous explique-t-elle. « Chaque immeuble en avait un. On y stockait de la nourriture, des couvertures… au cas où. » Un frisson nous parcourt. Voyager, c’est aussi toucher du doigt ces traces du passé.

  

Dimanche 27 Juillet

Visite de Bratislava et repos. 

Celle ville est petite mais c'est plutôt une bonne surprise. 


 

Lundi 28 Juillet

Ce matin, le Danube nous attend là où nous l’avions quitté. La piste cyclable, bien tracée, serpente entre les champs de tournesols et les petits villages endormis. Le vent souffle dans notre dos, comme pour nous pousser vers l’avant. Les kilomètres défilent, presque sans effort.

À gauche, la campagne slovaque déploie ses couleurs : blés dorés, vergers, maisons aux toits de tuiles. À droite, le fleuve s’élargit, majestueux. Les péniches, lentes et massives, croisent des bateaux de croisière aux ponts bondés de touristes. « On dirait qu’on est sur une autoroute fluviale », remarque Armelle en agitant la main vers un équipage qui nous salue.


Trstena na Ostrove : une pause hors du temps

La chaleur devient étouffante. Le thermomètre affiche 35°C. Nous apercevons enfin Trstena na Ostrove, un village minuscule où le temps semble s’être arrêté. Un café d’un autre âge, avec ses tables en formica et ses chaises en bois, nous tend les bras. À l’intérieur, un ventilateur tourne lentement, dispersant à peine l’air chaud. « Deux limonades, s’il vous plaît », commandons-nous au comptoir, où un vieux poste de radio diffuse une chanson folk.

Le patron, un homme aux mains calleuses, nous offre des tranchées de pastèque glacée. « Pour la route », dit-il avec un clin d’œil. Nous nous asseyons sur la terrasse, à l’ombre d’un tilleul, et regardons les mouches danser dans la lumière. C’est ça, le bonheur simple : une pause imprévue, un sourire partagé, le bruit des glaçons qui s’entrechoquent.


L’appel de l’est

De retour sur les pédales, le vent nous porte toujours. Le Danube, de plus en plus large, reflète le ciel bleu. Bientôt, ce sera la Hongrie. Nous sentons l’excitation monter – une nouvelle frontière, de nouvelles rencontres, de nouveaux paysages.




 

 Après 75 kilomètres nous arrivons dans notre "pension Jolan" à Číčov.

 

Mardi 29 Juillet

30 kilomètres de vent capricieux

Le Danube nous gâte, puis nous défie. Le vent, d’abord complice, se met à tourner comme une girouette : tantôt dans le dos, tantôt en pleine figure. « On dirait qu’il ne sait pas ce qu’il veut ! » s’exclame Armelle en serrant son guidon. Après quelques efforts (et quelques jurons étouffés), nous apercevons enfin Komárno, straddling fièrement le fleuve. La ville slovaque et son double hongrois, reliés par un pont métallique, se font face comme deux vieux amis.


Midi à Komárno : pâtisseries et histoire

Il est midi quand nous franchissons la porte de la forteresse, symbole de la ville. Un détour par l’Office du tourisme nous apprend que Komárno fut jadis une place forte contre les Ottomans. « Ici, chaque pierre a une histoire », nous explique la jeune femme derrière le comptoir.

Mais l’histoire attendra : l’estomac, lui, ne pardonne pas. Nous filons vers une pâtisserie traditionnelle, où les vitrines regorgent de koláče (petits gâteaux fourrés) et de trdelníks encore chauds. « Un de chaque, pour la science », décidons-nous. Le sucre nous redonne des ailes.


Balade et détente thermale

Repus, nous arpentons les ruelles pavées, admirant les façades colorées, les places ombragées, et le Danube, large et paisible. Puis, direction le centre thermal pour une pause bien méritée. L’eau chaude, les jets massants, le silence… Après des jours de pédalage, c’est le paradis.


Nuit à Radvaň nad Dunajom : sous le regard des cigognes

Le soir, nous rejoignons Radvaň nad Dunajom, un village tranquille à quelques kilomètres. Notre penzion est un petit bijou : chambres en bois, jardin fleuri, et surtout… un nid de cigogne, perché sur un poteau électrique, juste en face de notre fenêtre. « Elles nous observent », chuchote Armelle en regardant les oiseaux aller et venir, affairés.

Nous dînons en terrasse, un goulash fumant et un verre de vin local, tandis que le soleil se couche sur le fleuve. Demain, la Hongrie. Mais ce soir, nous sommes bien là, sous le ciel slovaque, bercés par le clapotis du Danube et le bruissement des ailes.



 

Les 53 kilomètres avec beaucoup de vent nous ont semblé plus difficiles que les 75 de la veille. 

 

Mercredi 30 Juillet

35 kilomètres pour rejoindre Sturovo. Nous passons ensuite le pont qui nous emmène en Hongrie.

Nous nous arrêtons après 50 kilomètres et prenons un train de banlieue pour éviter les zones industrielles. 



 

Nous sommes arrivés à Budapest, dernière étape de ce premier voyage sur le Danube (Eurovélo 6). La ville a changé... Beaucoup plus de monde qu'à l'hiver 93. Sur les conseils de Balínt, nous sommes allés déguster des spécialités hongroises dans un petit resto de quartier qu'il affectionne. Après Pest, nous irons sur Buda demain. 

 

Jeudi 31 Juillet

Journée de visite de Budapest : les bains, le marché puis Buda avec ses très beaux monuments et sa vue sur Pest.

 


 

Vendredi 1er Août

L'heure du retour ... ou du début du retour. 
La journée s'annonce fatigante avec une multitude de train : Budapest, Vienne, Linz, Passau, Munich.

Finalement, je trouve des places pour les vélos sur un train régional entre Salzbourg et Munich.

3 trains, des correspondances plus ou moins longues ... Départ à 9h40, arrivée 18h00 ... 

 


et nous faisons une longue balade dans Munich. 

 

 

Samedi 2 Août

La journée s'annonce encore plus fatigante ... départ de Munich à 8h35, changement à Ulm, changement à Stuttgart, changement à Karlsruhe, changement à Wörth, changement à Lauterbourg, changement à Strasbourg, changement à Metz ... 8 trains pour rejoindre Paris vers 21h10.

 

Petit tour dans Metz avant de prendre le TGV
 



Retour au point de départ.

 

trace réalisée

trace réalisée 
 

Le trajet annoncé est d'environ 950 kms mais dans les faits nous avons fait plus de 1050 kms avec tous les à cotés (circulation dans les villes, détours pour aller trouver un camping ou de la nourriture) effectués sur 15 jours soit une moyenne de 70 kms par jour.

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Retrouvez ce voyage sur Polarstep 

Pour préparer ce voyage nous avons utilisé le guide Voyager en train en Europe , le site de l'Eurovélo 6 ainsi que des blogs de voyageurs.

 

Retour : trains et correspondances

Le retour s’effectue en plusieurs étapes : Budapest → Vienne → Linz → Passau → Munich → Paris. Prévoyez des correspondances longues pour gérer les retards fréquents et le transport des vélos. Les trains régionaux allemands sont plus adaptés que les ICE pour les cyclistes.

Astuce : Le train Budapest-Munich (opéré par ÖBB) propose des places vélo, mais il est conseillé de réserver tôt pour éviter les surprises.


Conseils généraux pour l’EuroVelo 6

  • Saison idéale : Mai à septembre, mais évitez juillet-août pour les fortes chaleurs et l’affluence.
  • Équipement : Prévoyez une housse pour votre vélo, un kit de réparation, et un GPS ou des cartes hors ligne (les zones sans réseau existent).
  • Hébergements : Réservez à l’avance en haute saison, surtout dans les petites villes.
  • Budget : Comptez 50-70 €/jour/personne (hébergement, repas, visites).

Ressources et inspirations


Conclusion : une aventure humaine et culturelle

Ce voyage à vélo le long du Danube est bien plus qu’un parcours sportif : c’est une immersion dans l’histoire, les paysages et les rencontres. Entre les défis logistiques, les paysages à couper le souffle et les villes chargées d’histoire, chaque pédalée vaut le détour.

Prêt à vous lancer ? N’hésitez pas à partager vos questions ou vos propres expériences en commentaire !


Retrouvez la trace GPS de notre itinéraire sur Polarstep et préparez votre aventure avec les topo-guides et blogs de voyageurs.

Bon voyage à vélo ! 🚴‍♂️🌍


Sources :


Pendant ce voyage nous avons mesuré la difficulté de voyager avec des vélos. Au dernier moment nous avons du changer nos plans car nos vélos sous une housse et avec roue avant démontée ont été refusés. L'agent SNCF du TGV Inoui Paris - Mannheim (53 € en seconde classe sans vélo) nous a demandé de mettre le vélo dans une housse/valise fermée. Il n'y a aucune offre de transport de vélo non démontée sur les TGV et ICE entre la France et l'Allemagne.

https://www.sncf-voyageurs.com/fr/voyagez-avec-nous/train-et-velo/votre-velo-a-bord/ 

 Nous sommes donc allés à Nancy , puis avons utilisé des TER français et des trains régionaux allemands pour rejoindre Mannheim (via Metz et Saarbrucken).

Notre réservation Mannheim - Ulm sur ICE (avec 6 places vélo max) a pu etre décalée dans l'application , il y avait justement 2 emplacements libres sur le premier train. (Mannheim - Ulm en ICE pour 15 € en seconde classe sans vélo).

A noter qu'au retour de Budapest, il y a un train sans changement jusqu'à Munich. (9h55 -  16h34) qui dispose de places vélos en nombre limitées. Le coût du supplément vélo est de 25 €.

Ce train est proposé sur le site de la compagnie hongroise MAV au prix de 51 € (prix affiché le 04 Aout pour un voyage le 18 septembre) mais quand vous ajoutez l'option vélo, la réservation n'est plus possible. 

En fait le train est opéré par OBB la compagnie autrichienne qui propose le même billet à 77 € (prix affiché le 04 Aout pour un voyage le 18 septembre) mais quand vous ajoutez l'option vélo, le prix du billet passe à 102 €..  J'ai vérifié qu'il était possible d'acheter la réservation vélo seule sur le site OBB à 24,70 € ... Je remarque aussi qu'il y a plusieurs trains sans changement chaque jour et des tarifs à 89 € (vélo compris) ... le Yield Management est passé par la.

 Pour ma part, faute de place, j'ai été obligé de changer à Vienne et à Salzburg (escalator, escaliers, retard, stress, ...) , je ne vous le conseille pas. et vous devrez aditionner les différents tarifs trouvés. 

De Munich à Karlsruhe nous avons pris des trains régionaux (plus long que sur ICE mais il y a des places vélos dans chaque compartiment). le site de la compagnie Allemande DBahn propose des forfaits régionaux utilisables pour un groupe de 4 ou 5 personnes avec vélo pour 59 €


 Je vous invite donc à bien préparer votre voyage si vous voyagez en vélo en europe. A prévoir des temps de correspondance pas trop courts pour faire face aux retards (surtout en allemagne) et à réserver le plus tôt possible pour profiter des meilleurs tarifs.

Meilleur tarif (prix affiché le 04 Aout pour un voyage le 18 septembre) sur trainline pour Budapest - Paris avec changement à Munich et Stutgart



2 topo guides utilisés pour ce voyage : 

 

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